Attentat chez Charlie Hebdo - 1/2

Ce mercredi 7 janvier 2015, à 11h30, au moins deux hommes cagoulés ont attaqué le siège du journal Charlie Hebdo dans le 11è arrondissement de Paris, à l’aide d’armes de guerre. Douze personnes sont décédées, dont deux policiers et plusieurs autres blessées.

En attendant les avancées de l’enquête, la position de l’Agence Info Libre est de relayer les faits dans leur authenticité, mais pas de contribuer à l’engouement émotionnel et belliqueux massivement relayé par les médias actuellement. Nous analyserons à froid ces événements avec l’aide d’intervenants pertinents. Dans cette attente, nous nous associons à la douleur des familles des 12 victimes et condamnons cet acte de terreur.

Au risque de m'attirer les foudres de l'intelligentia populaire, je suis personnellement très en phase avec ce commentaire.

"Pour moi la question de ne pas se jeter dans cet grande messe de solidarité avec charlie n’est pas lié aux idées exprimées par Charlie [...]mais sur le fait que cette grande messe me laisse cet arrière gout amère que toutes les vies humaines ne se valent pas, loin de là :

-Quand des SDF crèvent dans la rue, ça ne fait pas couler beaucoup d’encre...
-Quand c’est une barque de sans-papiers qui coule, on est au mieux un peu triste mais on se dit qu’on va quand même pas les accueillir...
-Quand 8 femmes meurent en moyenne chaque mois sous les coups de leur compagnons, cela se passe dans un silence assez remarquable...
-Quand un peuple se fait massacrer (parfois dans un conflit ou l’état français trouve ses intérêts voir en est complice), ça remue pas des masses
-Quand un jeune dont le seul crime était de manifester se fait tuer par la police, ou arracher un œil par un tir de flash-ball, la majorité des français sont fichus de penser qu’il l’avait bien cherché (et ils sont où là, les ardents défenseurs de la liberté d’expression ? ? ?)

Ces personnes sont autant autant innocentes que les journalistes de Charlie Hebdo leur mort tout autant révoltante, et rien, ou si peu....

Alors pourquoi tout ce battage autour de charlie hebdo ?
-Parce que les journalistes se sentent plus solidaires du fait qu’il s’agissait de personnes du même milieu qu’eux ?
-Parce qu’un journaliste, c’est plus respectable qu’un manifestant, ou qu’une personne démunie qui lutte pour sa survie ?
-Parce que le « racisme subversif de gauche » de la ligne éditoriale de Charlie fait un certain consensus ?
-parce que ça permet aux politiques de rejouer le coup de l’épouventail de l’islamisme radical pour [mener une guerre à but économique dans un pays qui avait rien demandé] / [passer des lois sécuritaires] / [faire oublier le taux de chomage] ? (rayer les mentions inutiles)

Quand a moi le battage fait autour du massacre de l’équipe Charlie hebdo me rappelle douloureusement le quasi silence dans lequel se passent beaucoup d’autres."

"Bon les Charlie, si vous pouviez arrêter de voter pour des cons qui foutent la merde dans le monde, on aurait peut-être moins de tarés chez nous, non ?"

Le financement à travers le monde de ces fous-dingues qui se revendiquent de l’Islam est le fait de nos dirigeants. Ils ont voulu faire tomber les régimes laïcs trop indociles (Irak, Libye, Syrie) et les remplacer par le Chaos pour pouvoir pomper le pétrole tranquille, faire chier la Russie et la Chine en contrôlant cette région stratégique (très important), et bien sûr se faire des couilles en or sur notre dos (qui payons les bombes censées amener la « démocratie ») et celui des peuples du Moyen-orient (qui reçoivent ces bombes sur la gueule). Maintenant, dans ce choc des civilisations attisé par nous, un apprenti djihadiste formé au découpage de tête revient de Syrie et mitraille des innocents (dans un attentat qui tombe à pic, voir la courbe du chômage) et nous devrions nous unir dans une indignation générale contre l’ennemi désigné par ceux qui l’ont créé ? Je dis non. Je suis pour qu’on s’unisse contre le professeur Frankenstein, contre nos dirigeants qui nous poussent au conflit de civilisation et non contre leur créature qui n’est qu’une conséquence et qui disparaitra sitôt ses créateurs éjectés du pouvoir par un bon coup de pied au cul bien senti. Ce qui veut dire qu'en dernier ressort les responsables, c’est bel et bien nous, les Charlie de l’Histoire, qui nous indignons sur commande, bien gentiment, de façon bien proprette contre l'ennemi qui nous est désigné, et qui par ailleurs continuons à voter pour les vrais coupables de notre infortune, à chérir les causes des effets que l'on déplore.

Vincent Lapierre

Que retenir de ces derniers jours ? Que vous étiez près de 2 millions et que vous les avez laissé s'échapper. Oui, la bande du premier rang ou se trouvait la fine fleur de l'espèce humaine. Tous ces humanistes, ces amoureux de la liberté d'expression (enfin ça dépend) et grands chantres de la démocratie. Oui à mes yeux ce sont bien eux les responsables des drames de ces derniers jours et de ceux à venir. À force de vouloir jouer les puissants supérieurs de ce monde, en allant créer par ci un groupuscule terroriste pour déstabiliser tel pays, en fournissant des armes à d'autres illuminés pour déstabiliser un gouvernement qui ne veut pas faire des prix d'ami sur telle ou telle ressource, et bien oui forcément, en semant la misère et la désolation en arrosant d'armes de guerre, voici le résultat.
Et ne soyez pas dupes, les énormes manifestations de soutiens seront récupérées par ces voleurs de liberté en s'appuyant dessus en disant que leur politique est soutenu par des millions de personnes... Il n'y avait qu'à analyser le champ lexical utilisé par itélé... Union européenne 20 fois par minute...
Bref. Tant que l'on cautionnera ce système fantoche qu'ils appellent "démocratie" pour mieux nous tromper, n'attendez aucun changement. Par contre si vous voulez que ça change, alors faites vous une culture politique hors des médias traditionnels et essayons tous ensemble d'arriver à ce qui ressemble le plus à une démocratie.
Je finis sur ce tag lu ds le tunnel le plus glauque de notre quartier de villeurbanne :
"Si tu veux détruire un système, ne le combats pas, construis sans lui."

N.B.

A propos de Charlie-Hebdo
Une magnifique lettre de trois professeurs de Seine Saint-Denis

Nous sommes professeurs en Seine-Saint-Denis. Intellectuels, savants,
adultes, libertaires, nous avons appris à nous passer de Dieu et à
détester le pouvoir et sa jouissance perverse. Nous n’avons pas
d’autre maître que le savoir. Ce discours nous rassure, du fait de
sa cohérence supposée rationnelle, et notre statut social le
légitime. Ceux de Charlie Hebdo nous faisaient rire ; nous
partagions leurs valeurs. En cela, cet attentat nous prend pour cible.
Même si aucun d’entre nous n’a jamais eu le courage de tant
d’insolence, nous sommes meurtris. Nous sommes Charlie pour cela.

Mais faisons l’effort d’un changement de point de vue, et tâchons
de nous regarder comme nos élèves nous voient. Nous sommes bien
habillés, bien coiffés, confortablement chaussés, ou alors très
évidemment au-delà de ces contingences matérielles qui font que
nous ne bavons pas d’envie sur les objets de consommation qui font
rêver nos élèves : si nous ne les possédons pas, c’est
peut-être aussi parce que nous aurions les moyens de les posséder.
Nous partons en vacances, nous vivons au milieu des livres, nous
fréquentons des gens courtois et raffinés, élégants et cultivés.
Nous considérons comme acquis que La Liberté guidant le peuple et
Candide font partie du patrimoine de l’humanité. On nous dira que
l’universel est de droit et non de fait, et que de nombreux
habitants de cette planète ne connaissent pas Voltaire ? Quelle
bande d’ignares… Il est temps qu’ils entrent dans
l’Histoire : le discours de Dakar leur a déjà expliqué. Quant à
ceux qui viennent d’ailleurs et vivent parmi nous, qu’ils se
taisent et obtempèrent.

Si les crimes perpétrés par ces assassins sont odieux, ce qui est
terrible, c’est qu’ils parlent français, avec l’accent des
jeunes de banlieue. Ces deux assassins sont comme nos élèves. Le
traumatisme, pour nous, c’est aussi d’entendre cette voix, cet
accent, ces mots. Voilà ce qui nous a fait nous sentir responsables.
Evidemment, pas nous, personnellement : voilà ce que diront nos amis
qui admirent notre engagement quotidien. Mais que personne, ici, ne
vienne nous dire qu’avec tout ce que nous faisons, nous sommes
dédouanés de cette responsabilité. Nous, c’est-à-dire les
fonctionnaires d’un Etat défaillant, nous, les professeurs d’une
école qui a laissé ces deux-là et tant d’autres sur le bord du
chemin des valeurs républicaines, nous, citoyens français qui
passons notre temps à nous plaindre de l’augmentation des impôts,
nous contribuables qui profitons des niches fiscales quand nous le
pouvons, nous qui avons laissé l’individu l’emporter sur le
collectif, nous qui ne faisons pas de politique ou raillons ceux qui
en font, etc. : nous sommes responsables de cette situation.

Ceux de Charlie Hebdo étaient nos frères : nous les pleurons comme
tels. Leurs assassins étaient orphelins, placés en foyer : pupilles
de la nation, enfants de France. Nos enfants ont donc tué nos
frères. Tragédie. Dans quelque culture que ce soit, cela provoque ce
sentiment qui n’est jamais évoqué depuis quelques jours : la
honte.

Alors, nous disons notre honte. Honte et colère : voilà une
situation psychologique bien plus inconfortable que chagrin et
colère. Si on a du chagrin et de la colère, on peut accuser les
autres. Mais comment faire quand on a honte et qu’on est en colère
contre les assassins, mais aussi contre soi ?

Personne, dans les médias, ne dit cette honte. Personne ne semble
vouloir en assumer la responsabilité. Celle d’un Etat qui laisse
des imbéciles et des psychotiques croupir en prison et devenir le
jouet des pervers manipulateurs, celle d’une école qu’on prive de
moyens et de soutien, celle d’une politique de la ville qui parque
les esclaves (sans papiers, sans carte d’électeur, sans nom, sans
dents) dans des cloaques de banlieue. Celle d’une classe politique
qui n’a pas compris que la vertu ne s’enseigne que par
l’exemple.

Intellectuels, penseurs, universitaires, artistes, journalistes :
nous avons vu mourir des hommes qui étaient des nôtres. Ceux qui les
ont tués sont enfants de France. Alors, ouvrons les yeux sur la
situation, pour comprendre comment on en arrive là, pour agir et
construire une société laïque et cultivée, plus juste, plus libre,
plus égale, plus fraternelle.

« Nous sommes Charlie », peut-on porter au revers. Mais
s’affirmer dans la solidarité avec les victimes ne nous exemptera
pas de la responsabilité collective de ce meurtre. Nous sommes aussi
les parents de trois assassins.

Catherine Robert, Isabelle Richer, Valérie Louys et Damien Boussard